Article original écrit par Simon Souris pour L’Echo.

La Fondation Gates a conclu un accord avec l’agence belge de coopération et la jeune pousse bruxelloise Bluesquare pour lutter contre le paludisme au Niger et au Burundi.

Évitable tout autant que soignable, le paludisme n’en reste pas moins un fléau en Afrique subsaharienne. Plus d’un demi-million de personnes meurent chaque année de cette maladie infectieuse, principalement des enfants de moins de cinq ans.

Au cours des deux dernières décennies, l’augmentation des financements, l’intensification de la lutte et l’engagement politique ont toutefois permis d’éviter plus d’un milliard de cas et de sauver plus de 10 millions de vies. Pour accélérer encore l’effort, trois acteurs s’unissent désormais, apprend-on. Il en va d’Enabel, Bluesquare et la Fondation Bill & Melinda Gates.

Dans le cadre d’un partenariat stratégique fraîchement signé, l’agence belge de coopération apportera ses capacités opérationnelles de terrain, le développeur de systèmes d’information sanitaires ses technologies et la Fondation son expertise en santé publique, mais pas que. Cette dernière débloque en effet quelque 11 millions d’euros à destination d’Enabel, et deux autres à destination de Bluesquare, nous renseigne Jean Van Wetter, directeur général d’Enabel.

Deux régions à haut risque au Burundi et six districts du sud du Niger seront initialement ciblés. L’alliance constitue, du reste, la première conséquence tangible d’un protocole d’accord qui unit, depuis la mi-octobre, la Belgique et la première organisation philanthropique au monde en taille autour du paludisme, aussi appelé malaria.

Maladie du sommeil

Sous l’impulsion d’un Alexander De Croo (Open Vld) alors ministre de la Coopération au développement, un premier accord du même ordre avait déjà vu le jour en 2017 autour de l’éradication de la “maladie du sommeil” (trypanosomiase africaine) en République démocratique du Congo. A l’époque, l’Etat fédéral et la fondation Gates apportaient de l’ordre de 20 millions d’euros chacun à l’effort à mener, l’Institut de médecine tropicale d’Anvers (IMT) son expertise mondialement reconnue autour notamment de cette maladie transmise par la mouche tsé-tsé. De son côté, Bluesquare s’occupait déjà de la partie technologique.

“Ce projet sur la malaria s’inscrit donc dans la continuité”, résume depuis l’étranger Nicolas de Borman, son CEO et fondateur. Une continuité qui ne doit pas cacher l’activité plus large de la société aux près de 80 collaborateurs à ce jour, pour près de 7,5 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année. Active jadis dans l’audit des politiques de santé publique, elle permet aujourd’hui avec ses outils de rassembler, consolider et modéliser nombre de données utiles (cartes de risque épidémologique, images satellites, distribution de population, réseau routier…) à des fins sanitaires.

“Prenez la polio par exemple. Il est important de savoir en temps réel où se trouvent les stocks de vaccins d’une part, mais aussi de s’assurer que les personnes à vacciner le soient d’autre part. Dans des pays où il n’existe parfois pas d’adresse ou à l’urbanisation très rapide, c’est plus complexe qu’il n’y paraît. Nos solutions permettent de déterminer si il y a bien une rencontre entre les deux et où se situent les résistances éventuelles”.

En ce sens, la jeune pousse fondée en 201 s’est aujourd’hui hissée au rang de partenaire de choix de la Banque mondiale, de l’OMS, des sociétés pharmaceutiques ou encore de nombreux ministères de la Santé de par le globe.

Bluesquare

  • Fondé en 2012 par l’économiste de la santé Nicolas de Borman.
  • Spécialiste des systèmes d’information sanitaires.
  • Chiffre d’affaires (2023): près de 7,5 millions d’euros.
  • Excédent brut d’exploitation (ebitda): plus d’un million.
  • Emplois: près de 80 collaborateurs.
  • Actionnariat: les familles de Borman et Delens, le fonds SI2 de Piet Colruyt, François Derbaix et des amis du fondateur.

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